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mardi 9 octobre 2018

PÉDAGOGIE DE LA COOPÉRATION


PÉDAGOGIE DE LA COOPÉRATION
Publié par Patricia Delattre, psychologue clinicienne pour enfants, adolescents et adultes.
LA PEDAGOGIE DE LA COOPERATION avec Isabelle PELOUX, professeur des écoles, formatrice en relation entre l'enseignant et l'enseigné, accompagnatrice de groupes de parole de parents.
J'en ai parlé dans mon article précédent, mais bien entendu le sujet mérite un article à lui seul. Je le dédicace à mon amie enseignante Caroline. Il s'agit de la sortie en 2018 du documentaire L'école de la vie, une génération pour tout changer" réalisé par Julien Peron créateur du 1er congrès Innovation en éducation (2 et 4 mars 2018) et du Festival pour l'école de la vie dont la 4ème édition se tiendra en septembre prochain.
J'ai déjà évoqué cette philosophie, cet art de vivre que tente de mettre en pratique de plus en plus d'enseignants, éducateurs, et autres intervenants avec lesquels je travaille. Ils ont cette volonté d’adopter une éducation basée sur le vivant, le sensoriel et le sensible même pour aborder les mathématiques. Car si l'enseignement actuel est de bonne qualité au niveau de l'apport théorique, il est néanmoins nécessaire d'appliquer de nouvelles méthodes pour les enseigner.
La pédagogie innovante expliquée par Isabelle Peloux dans la vidéo ci-dessous,  est issue de 30 ans de recherche et s’inspire de trois grands courants pédagogiques qui donnent des résultats extrêmement positifs et validés Maryline Coquidé (*), docteur en sciences de l’éducation :
- le mouvement Freinet fondé sur l’expression libre des enfants et le tâtonnement expérimental,
- la gestion mentale d’Antoine de La Garanderie qui explore, décrit et étudie les gestes mentaux de la connaissance,
- ainsi que le conflit sociocognitif qui permet à l’enfant de prendre conscience du point de vue d’autrui et de reformuler le sien. Elle l’enrichit de dispositifs facilitant une découverte de la relation et une éducation à la paix.
Le rapport au vivant est possible même à la ville, avec les jardins-potager en hauteur ou la présence d’un animal. L’apprentissage des lois de la nature est primordial pour la construction de l’enfant, citoyen de demain, pour apprendre à l’enfant à rester proche de sa vraie nature, pour « se sentir vivant » et pas seulement « pensant ». Notre planète a besoin d’adultes qui pétillent, c’est-à-dire qui n’imitent pas seulement ce que d’autres ont faits avant eux, mais qui soient créatifs, innovants Des hommes et des femmes qui grâce à leur développement personnel vont œuvrer pour le développement social, économique écoresponsable, avec le souci de l’éthique et de la joie de vivre sur cette Terre.
Maryline Coquidé, docteur en sciences de l’éducation, est professeur d’université à l’Institut Français d’éducation de l’École Normale Supérieure de Lyon. Elle est membre du laboratoire mixte de recherche Sciences Techniques Éducation Formation STEF (ENS de Cachan-IFE ENS Lyon). Les recherches de Maryline Coquidé portent sur la didactique des sciences, et plus particulièrement des sciences de la vie, avec une volonté d’articuler recherche pour la connaissance et recherche pour l’intervention. Elle a notamment travaillé sur le rapport expérimental au vivant et sur les travaux pratiques dans l’enseignement. Ses travaux actuels portent sur les transformations de l’enseignement scientifique et technologique, principalement pour la scolarité obligatoire.



DISPOSITIFS COHÉRENTS


DISPOSITIFS COHÉRENTS
Architecture
A partir de ces présupposés, il s’agit d’élaborer une méthode pour parvenir à des rêves partagés. Il s’agit donc de formuler ce qui pourrait être une orientation. Toute notre expérience montre qu’elle est plus acceptée qu’on ne le croit. Seules les instances en place ont intérêt à maintenir les formes de division qui alimentent leur pouvoir. La visée est de sortir de la parcellisation des savoirs, qui contribue fortement à ce qu’on aille droit dans le mur, de favoriser une perception commune du monde et des cultures, de créer une autre architecture des apprentissages, facilitant le tissage de liens entre eux.
Il s’agirait de promouvoir une école qui formerait un maximum de « citoyens généralistes » plutôt qu’une machine à trier, à déresponsabiliser et à rejeter les plus faibles. Des généralistes à même de participer aux débats sur les enjeux de proximité, nationaux et internationaux, d’apporter leur contribution et de trouver leur place.
Il y a trois registres fondamentaux à nourrir : celui du vivant et de sa fragilité, celui des singularités et donc de la capacité à intégrer le même et le différent, celui des communs c’est à dire pratiquement ce qui permet au vivant de s’épanouir et aux singularités de créer.
     § Pour cela il paraît essentiel de partir des ressentis pour pouvoir formuler les buts à réaliser. Ce que l’on pourrait résumer par la formule : Ressentir, penser, entreprendre de manière plus interdépendante. En proposant une mise en perspective du passé, du présent et du futur, on pourrait envisager une réorganisation générale des disciplines :
• Activités concrètes ancrées sur le passé : physique, chimie, biologie.
• Activité concrètes du présent : activités corporelles centrées sur la conscience de soi et la maîtrise du geste.
• Activités concrètes pour le futur : apprentissage de la langue, des langues.
• Activités sensibles liées au passé : histoire des cultures, des civilisations, les différentes formes d’art. Littérature. A travers les œuvres étudiées et créées dans ces différents domaines on développera la perception des inhibitions, des blocages, des peurs.
• Activités sensibles du présent : les formes d’expressions artistiques dans tous les domaines.
• Activités sensibles du futur : les différentes de formes de pouvoir et leurs conséquences en matière de type d’existences.
Activités conceptuelles liées au passé : l’économie, l’informatique, les maths.
• Activités conceptuelles du présent : conscience de ce qui est essentiel et futile, facile et difficile, etc., dans chaque discipline.
• Activités conceptuelles du futur : intelligence du réaménagement des territoires, des espaces et de la redistribution du temps, pour permettre aux humains de vivre ensemble sereinement et en bonne entente.
     § Ce qui est spécifique à l’homme (la capacité à inventer de nouveaux possibles) devrait s’ancrer sur ce qui est commun au vivant, c’est-à-dire le caractère cyclique des choses. Nous avons traduit cette caractéristique cyclique (alternance de phases visibles et invisibles et de moments croissants et décroissants) de façon analogique. Nous proposons ainsi 4 périodes avec des objectifs prioritaires :
• 6 à 9 ans, encourageant la bienveillance (soignant les maltraitances).
• 9 à 12 ans, priorisant la lucidité (se protégeant des « désirs induits » et de son corollaire : la surconsommation)
• 12 à 15 ans, entraînant au goût du risque (prenant en compte la complexité).
• l5 à 18 ans, élaborant un bon rapport avec l’incertitude (incluant le goût de du silence).
     § A chaque phase, on veillera à offrir à chaque jeune la capacité d’exprimer ses besoins, ses désirs, ses rêves, ses peurs ses « haines. Cela suppose que chacun ait la possibilité d’être reconnu tout simplement. Pour ce faire, la pratique des groupes de parole sera encouragée. C’est cette capacité à créer un cadre pour un travail sur soi qui a permis à l’Islande de réduire de façon impressionnante la toxicomanie (nous avons développé un programme sur le sujet). C’est la prise en compte des rythmes des enfants, l’espace laissé à la créativité qui a hissé la Finlande au tout premier rang des nations en matière éducative.
   § On devrait mettre en place un collectif chargé de recueillir, dans tout le pays, les pratiques innovantes en matière d’éducation dans le public et le privé, incitant les régions à mettre en place les formations à ces pratiques.
    § Tout cela diminuerait les violences en tous genres, le mépris et amènerait à la « pacification » des esprits. On généraliserait la pratique des « Travaux Personnels Encadrés (dossiers, chefs d’œuvres, réalisations de toutes sortes) autour de projets évalués par des jurys mixtes. On travaillerait par unités de valeur dans les grandes disciplines. § A l’instar des pays anglo-saxons, pour mettre fin au système du redoublement, si mal vécu et si peu efficace. On créerait un nouveau statut des professeurs (prof-prof, prof-tuteur, prof documentalistes, prof-chercheur…) sans forcer les anciens à le rejoindre.
     § Tout le dispositif, évalué régulièrement par des structures à inventer, devra :
• vérifier que chaque apprenant est inséré dans des réseaux appropriés • s’engager à intégrer chaque jeune dans la vie active (le cas des handicaps graves devra faire l’objet d’un traitement spécifique).
• veiller à l’implication de tous les acteurs envisageables
• Réinsérer les intervenants fatigués.





RÊVES PARTAGÉS


RÊVES PARTAGÉS
Les différents acteurs
Voici ce que pourrait être les rêves des acteurs en présence dans le secteur éducatif :
Professeurs : on voudrait pouvoir intervenir sans avoir à faire de discipline, par petits groupes, en ayant le temps de traiter les difficultés de chaque élève autour d’unités capitalisables de niveaux à acquérir incontestées. L’élève changerait de niveau lorsqu’il a acquis les compétences. On peut aujourd’hui facilement demander aux élèves de lire la leçon sur Internet et intervenir après coup pour évaluer le niveau de solidité de l’acquisition, pour répondre à des questions, pour croiser les informations avec d'autres disciplines. Il serait bien que le métier évolue donc et encourage une diversité de missions.
  Le Prof-prof serait chargé d’améliorer les cours de base.
•  Le prof-chercheur aurait une partie de sa mission en recherche.
  Le prof-documentaliste serait une ressource pour quérir des infos complémentaires.
  Le prof-tuteur serait chargé de suivre le jeune jusqu'à son insertion dans la vie.
Élèves : on aimerait pouvoir étudier quand on en a envie, à l'heure qui nous semble la meilleure, et surtout n'apprendre que ce qui nous parait intéressant et avoir le temps de se distraire.
Parents : on voudrait que nos enfants trouvent leur voie et qu’on respecte toutes les formes d’intelligence (manuelle, artistique, entrepreneuriale, etc.).
Infirmières : on voudrait que les enfants fragiles et maltraités puissent avoir un suivi conséquent pour guérir de leurs blessures.
Médecins : on voudrait que les enfants manifestant des carences alimentaires, ou présentant des troubles de la personnalité soient suivis.
Personnel de Direction : on voudrait que notre travail soit essentiellement un travail de médiation entre toutes les parties en présence et que les conflits que nous ne parvenons pas à régler soient traités par des consultants extérieurs. Inspection : on voudrait pouvoir évaluer sans juger, on voudrait que tout professeur qu’on estime en situation de faiblesse puisse être aidé et reconverti le cas échéant. On voudrait que les professeurs encouragent le goût à penser, à ressentir et à faire.
Inspection : on voudrait pouvoir évaluer sans juger, on voudrait que tout professeur qu’on estime en situation de faiblesse puisse être aidé et reconverti le cas échéant. On voudrait que les professeurs encouragent le goût à penser, à ressentir et à faire.
Personnel de service : on voudrait que notre travail soit respecté, qu’on ne ferme pas les yeux devant les dégradations, que la cantine soit un espace de convivialité.
Psychologues : on aimerait que chaque enseignant soit outillé pour diagnostiquer le déficit majeur d’un jeune. Que ce soit au plan de la confiance, de la lucidité, de la capacité à prendre des risques intelligents, à faire face aux incertitudes.
Surveillants : on aimerait pouvoir mieux utiliser nos savoirs lors des études encadrées, et être formés pour cela.
Police : on aimerait qu’il n’y ait aucune violence dans la rue et pas de trafics de drogues nocives.






lundi 8 octobre 2018

LA RÉVOLUTION ÉDUCATIVE


LA RÉVOLUTION ÉDUCATIVE
Pourquoi ? Comment ? Pour quoi ?
Tout le monde sait que l'espèce humaine consacre un temps de plus en plus long, au cours des siècles, pour éduquer les générations futures. Ne sommes nous pas parvenus à un seuil ? Le dispositif éducatif en place a connu une évolution lente depuis Charlemagne. Quelles en sont les grandes étapes ? De nos jours, il est censé s'occuper de tous enfants, ce qui n'est pas le cas puisque 100 000 élèves environ par classe d'âge ne parviennent pas au bout des études et de plus en plus de jeunes ne trouvent pas de travail au sortir de leur cursus scolaire. Comment insérer tout le monde ce qui suppose aussi de résorber massivement les maltraitances de l'enfance ? D'autre part la révolution numérique, mets quasiment gratuitement à la disposition de tous la quasi totalité des savoirs disponibles, réalisant ainsi le rêve de Comenuis. Comment faire donc évoluer les missions des enseignants ? Enfin les questions écologiques non résolues laissent à penser que les élites au pouvoir ne parviennent pas à faire de qui est à faire. Comment faire acquérir un surcroît de sagesse à tout le monde ?
Il semble raisonnable de revoir le dispositif éducatif de fond en comble, puisqu'il ne parvient ni à insérer tout le monde, ni à prendre la mesure de la révolution numérique, ni à disposer d'élites adéquates aux défis planétaires.
Il est donc question de proposer un dispositif et des modalités pour y parvenir recueillant l'assentiment et des élites et des personnes insatisfaites, sans créer d'oppositions notoires parmi les satisfaits. Dispositif montrant ses capacités à traiter convenablement les problèmes qui se poseront et cerise sur le gâteau n'engendrant pas de dépenses supplémentaires. Tout le monde conviendra que ce n'est pas une mince gageure. Nous nous proposons de relever le défi. Nous traiterons cela en trois parties :
 Les rêves partagés des acteurs de l'école.
 Les principaux dispositifs cohérents avec ces rêves.
 Le processus pour parvenir à de nouvelles orientations qui inclura des modifications possibles.
Notre ligne directrice est l'autorégulation de la diversité et de la finitude.
Antoine Valabregue